Changons les règles !
"Le don source d'abondance"
pour revisiter notre rapport à l'argent
Participation Consciente - origine et définition
La Participation consciente est le prix, le paiement des séminaires ou « Ateliers du Nous » que propose l’ Université du Nous (UdN) depuis 2011.
Elle a des règles précises que nous donnons en amont aux participants :
« C’est la somme en euros que vous donnerez en conscience pour ce que vous avez vécu et en fonction du soutien que vous souhaitez apporter à l’organisation pour son développement. »
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Elle fait toujours l’objet d’un temps d’explication et de partage en début d’expérience.
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Elle est obligatoire et en euros.
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La remise se fait à la fin du séminaire de façon non-anonyme sans justification de la somme donnée.
Elle fait partie du modèle économique de l’UdN depuis sa création. Elle nous invite à revisiter notre rapport à l'argent, souvent dans le cadre de séminaire ou d'atelier sur la question de la coopération et du faire ensemble.
Participation consciente et reliance collective
La Participation consciente explore également la notion de posture. Pour nous (UdN), une démarche en gouvernance partagée est bien plus qu’une succession d’outils. Elle est une pratique dans laquelle prendre conscience de qui je suis, de ma manière d’être au monde est fondamentale.
Nous parlons de « conscience » comme un travail d’éveil, de lucidité, comme un engagement sur un chemin de développement, de confiance en soi, en l’autre, en ce qui nous entoure.
En changeant la règle habituelle, la participante est amenée à décider elle-même du montant à donner.
De nombreuses questions viennent : Quelle est la valeur de ce qu’elle a reçu ? Quelle participation a-t-elle envie de donner au-delà du séminaire vécu ? Comment peut-elle soutenir ce mouvement de transformation ? Comment financer ce qu’elle souhaite voir advenir dans un futur commun ?
L’idée est bien de nous interroger individuellement et collectivement sur notre manière de contribuer au monde. Quand je contribue, je contribue pour moi et pour tous ceux que je ne connais pas et qui pourront eux aussi expérimenter, se former, aller plus loin, dans cette idée de faire bouger les lignes sociétales.
Elle permet ainsi une forme de reliance collective, un chemin commun. Des centaines, des milliers de personnes ont et vivront cette expérience d’un faire ensemble autrement et aujourd'hui la participation consciente est proposée par de nombreuses organisations, une communauté en développement !
Des reflexions et questionnements que la pratique de la Participation Consciente a apportée à l'Université du Nous en 2016 et apporte encore aujourd'hui
Pouvoir d’agir
Proposer ce type de paiement pour une organisation et accepter de vivre la Participation consciente en tant que participant.e, c’est peut-être vivre une forme de partenariat, un chemin évolutif commun. Il faut un peu de courage pour les deux parties prenantes. C’est une tentative d’assumer sa souveraineté, son propre pouvoir d’action et d’agissement.
Lydia Pizzoglio, co-fondatrice de l’Université du Nous.
Les 4 règles de la PC
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Annoncée au début payable à la fin
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Non anonyme
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En euros
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Sans justification demandée
La communauté
Plus d'une centaine d'organisation et d'individus utilisent la participation consciente comme modèle économique. Rejoignez nous !
Aller plus loin
Voici différentes ressources pour aller plus loin :
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Godbout J. T., L’esprit du don , La Découverte, 2017.
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Jean François Noubel - https://noubel.com/
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Vidéo Tedx - De la rareté - Jean François Noubel
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La dette publique : A qui profite le système ? Philippe Derudder et André-Jacques Holbecq
Edition Yves Michel, 2008
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Antropologie du don - veille Internet - Ecologie du don
Entretien avec Laurent Van Ditzhuyzen - co-fondateur de l'UdN et de la participation consciente
Extrait de la revue Gestalt n°52 - entretien avec Katouchka Collomb Van Ditzhuyzen
Katouchka : Peux-tu nous dire un mot de la participation consciente que tu pratiques à l’UdN et à laquelle tu nous as conviés durant ces 3 journées ?
Laurent VD :
L’une des manières de nous faire payer est la participation
consciente. Elle est issue de nos recherches sur de nouvelles formes
d’économies. Elle repose sur quatre règles :
– C’est la somme en
euro que vous donnez en conscience pour ce que vous avez vécu et en
fonction du soutien que vous voulez apporter à l’UdN pour son
développement. Elle est obligatoire mais aucun montant ne sera proposé
ou exigé.
– La remise de cette participation se fait de manière nominative, sans justification du montant choisi.
– Elle fait toujours l’objet d’un temps de partage et d’explication en début d’expérience.
– Elle est remise en fin de séminaire, avant la clôture.
La participation consciente change la règle établie par l’usage. Elle propose et ouvre une voie de questionnement dans notre rapport à l’argent et nos façons d’échanger des richesses. Elle offre donc potentiellement un chemin de transformation individuelle et collective.
Elle nous met tous au travail : elle peut amener honte et culpabilité d’autant plus qu’elle n’est pas anonyme et nécessite donc d’être assumée. En tout cas c’est une confrontation avec ce type d’af- fects et la personne reste aux prises avec elle-même en particulier sa honte. Personnellement je ne suis pas indifférent au fait que la personne vive ce genre de choses mais mon cadre n’est pas de la faire travailler là-dessus. Nous ouvrons toujours un espace de parole sur ce que cela génère. En octobre, nous avons ouvert et certaines personnes nous ont d’ailleurs reproché de passer du temps sur ce sujet. Nous travaillons avec ces paradoxes et l’idée est de les mettre en lumière...
Je qualifierais la participation consciente de modèle économique de la confiance. Je travaille sans savoir ce que je vais gagner. Je donne sans savoir ce que tu en feras. Tu donnes sans savoir comment je vais l’interpréter, le recevoir. Tu donnes, en parfaite responsabilité du prix que tu choisis, sans argumenter ton choix. Je reçois, en confiance que ton don est juste et en conscience, qu’il a fait l’objet de ton introspection à cet endroit.
Vrai, faux, peu m’importe ! La participation consciente n’appelle pas à se mettre d’accord, elle appelle à la confiance « au-delà de », elle propose de mettre de côté tout jugement, peur ou manipulation. C’est prendre le risque de la confiance que je peux développer en l’autre.
K :
J’ai pratiqué avec toi la participation consciente quand tu co-animais avec moi mes groupes continus. Pendant deux années et demi, il n’y a peut-être pas eu de la honte mais une forme de culpabilité quand les honoraires que je te donnais n’étaient pas les mêmes d’un week-end à l’autre. Je me disais « va-t-il se demander pourquoi je le paie davantage ou moins ? Est-ce dû au nombres de participants (lien avec la réalité) ou au sentiment qu’il a été moins présent avec moi ou avec les participants, qu’il a moins bien « bossé » ? Ai-je eu davantage de frais (lien avec des éléments factuels) ? Cela m’a mise au travail sur toutes ces questions ! Dis ainsi, je vois bien que je ne reste pas à ma place, je me mets à la tienne en imaginant ce que ça te fait ! Si je me centre sur ce que je vis,ça me fait travailler sur mon ego,mes peurs,mes freins à donner et à recevoir, mon « avarice », mes résistances !
L : Mon problème est en tout cas d’accueillir ce qui arrive. Moi aussi je suis en travail sur ce que ça me fait ressentir. Cela permet de regarder de plus près l’impact et les conditionnements que nous trimbalons au sujet de l’argent, de la valeur, de notre rémunération, du donner et du recevoir et tellement plus encore...
K : Personnellement, en tant qu’accompagnante gestaltiste, je me sens dans une posture et une manière d’être au monde politique en permettant aux personnes d’élargir leur champ de conscience aux situations. Je les soutiens dans leur capacité à y faire face, pour, comme toi à l’UdN, contribuer à rendre le monde plus soli- daire, moins violent... Comme le dirait ton ami Pierre Rabhi, ce n’est peut-être que ça mais c’est essentiel.
C’est Laura Perls qui écrit : « Le travail que j’effectue est un travail politique. Quand j’œuvre avec des gens pour qu’ils pensent de manière autonome et s’extraient de la confluence avec la majorité, c’est politique. Cela a de l’influence même si nous ne pouvons travailler qu’avec un nombre limité de personnes. »
J’aime beaucoup la façon dont tu parles à un groupe, il y a quelque chose de vivant, de simple, de chaleureux, tu parles avec des mots forts,des mots puissants,un langage un peu trivial parfois, le langage de l’inconscient peut être, celui qui se dit à l’intérieur de chacun d’entre nous mais qu’on n’ose pas dire... et tu es écouté par 80 personnes, on aime ou on n’aime pas mais ce que tu dis ne laisse pas indifférent.Tu es très attentif à ce que tu ressens tout en ouvrant à l’autre dans un contexte de responsabilité, de tolérance, de complexité pour construire ensemble. Et pour finir... J’aimerais souligner le courage de toutes les personnes qui ont osé se lancer dans cette démarche en créant la Maison Nouvelle. Mes collègues qui, avec persévérance, ont participé à cette nouvelle manière de voir la réalité et les possi- bilités de la réalité à plusieurs.
Merci Laurent.